Assises de Namur : “Il y a bien eu meurtre avec préméditation”, selon l’avocat général Vandermeiren
Pour l’avocat général, les préventions d’assassinat et d’incendie volontaire doivent être retenues à charge des 2 accusés.
- Publié le 23-04-2024 à 10h14
- Mis à jour le 23-04-2024 à 10h22
Le réquisitoire de l’avocat général Vandermeiren est intervenu mardi matin, dans le cadre du procès en assises de Gaëtan Legros et d’Alix Verbruggen, qui doivent répondre de l’assassinat de Nico Becker et d’incendie volontaire.
Le corps de Nico Becker a été retrouvé dans sa camionnette, qui avait été incendiée, le 8 août 2022 à Lonzée. Gaëtan Legros, tenancier d’une friterie de la région a reconnu avoir tiré à 2 reprises sur la victime, qu’il accusait de vouloir le racketter. Il a été aidé par Alix Verbruggen pour évacuer le corps. Tous deux nient avoir prémédité la mort de Becker.
”Dans ce dossier, l’élément matériel de l’homicide est incontestable : Nico Becker est décédé, sa mort est directement liée à l’intervention de Gaëtan Legros et d’Alix Verbruggen. L’élément moral est également bien présent : Legros a reconnu avoir visé Becker et avoir voulu sa mort, il lui a tiré dessus à 2 reprises, dont une fois dans le visage.”
La préméditation est la pierre angulaire du procès. “Les accusés la nient. Legros dit avoir pris la décision de tuer Nico Becker sur le moment même, tous deux nient la préméditation. Pour moi, il y a bien eu meurtre avec préméditation.”
Trois armes chargées
L’avocat général a mis en avant 6 éléments jouant en défaveur des accusés. “Legros a choisi d’utiliser 3 armes à feu, dont un fusil de chasse, muni d’une lunette de visée, parfaitement réglée pour un tir à cette distance. Une troisième arme était prête dans une remorque à l’extérieur de la maison, mais n’a pas été utilisée. Le choix du calibre n’était pas non plus innocent : les deux plus gros ont été choisis. Toutes les armes étaient chargées et Legros a tiré immédiatement lorsqu’il a vu Nico. Tout était prêt, il cherchait à le tuer. Les deux auteurs ont préparé la venue de Nico Becker. Cela ressort du positionnement des 3 personnes : Legros depuis la fenêtre, Becker placé dans un angle de tir idéal grâce à Verbruggen.”
L’avocat général rappelle des paroles tenues par Gaëtan Legros quelques heures avant les faits à un cafetier que Becker aurait racketté : “Ça craint ce que je compte faire, mais soit”. Pour l’avocat général, ces paroles annonçaient l’assassinat de Nico. “Il avait pourtant d’autres possibilités : discuter, quitter les lieux, appeler la police, ou simplement le menacer avec ses armes, tirer un coup de feu en l’air. La seule option retenue était d’abattre sa victime.”
Un scénario bien préparé
Thibaut Vandermeiren cite les premières déclarations d’Alix Verbruggen, après son interpellation : “Gaëtan m’a dit d’aller jouer à la pétanque et qu’il allait abattre Nico. Il m’a demandé de lui dire bonjour et qu’il allait en profiter pour tirer Nico avec son fusil de chasse. Gaëtan est bien venu cacher un revolver près de moi avant que Nico arrive, 15 minutes après. Nous avions prévu de nous débarrasser de son corps en allant le faire brûler dans les campagnes. Je connaissais les intentions de Gaëtan mais je ne pensais pas qu’il allait le faire. Il voulait lui tirer dessus. Ma présence sur le terrain de pétanque était destinée à attirer Nico à cet endroit. Gaëtan m’a dit quoi faire.”
Pour l’avocat général, le scénario établi a été accompli. “Les aveux sont entiers et spontanés, réalisés en présence de son avocat.”
Le fait que Legros a fixé rendez-vous à sa victime est également mis en avant. “Ils lui ont tendu un guet-apens. Verbruggen devait attirer Nico dans l’axe de tir de Gaëtan Legros. Ils se sont organisés.”
Le calme et le sang froid avec lequel Gaëtan Legros a commis son acte sont également mentionnés. “Il ne s’agissait pas d’un moment de colère. Legros avait annoncé ne pas vouloir aller à la police dénoncer les prétendus faits de racket. Il a tiré sur sa victime à près de 43 mètres. Dans un état de panique, il n’aurait pas su abattre une cible à pareille distance, alors que son ami Alix était juste à côté de la victime. Toujours très calme, il s’est muni d’une seconde arme pour l’achever à bout portant, en plein visage. Il était préparé et était certain que Nico Becker ne se relèverait pas.” Pour l’avocat général, toute la préparation de la scène a été réalisée dans la sérénité.
L’attitude des accusés après les faits est aussi évoquée. “Ils ont tout fait pour faire disparaître leurs traces. Ils ont continué à converser dans un groupe Facebook, comme si de rien n’était, alors qu’ils venaient de tuer Nico Becker. Ils se débarrassent de la voiture contenant le corps et y mettent le feu, ils jettent leurs vêtements dans un conteneur. Legros envoie encore des messages sur les réseaux sociaux à Nico Becker 2 jours après les faits, pour ne pas qu’on le soupçonne. Ils étaient prêts à continuer leurs vies comme si de rien n’était.”
Deux coupables d'assassinat et d'incendie volontaire
Pour l’avocat général, les préventions d’assassinat et d’incendie volontaire doivent être retenues à charge des 2 accusés. “Ils sont coauteurs des faits. Alix Verbruggen s’est associé sciemment au destin criminel de son ami. Alix devait attirer Nico dans la fenêtre de tir prévue par Gäetan Legros. Alix était conscient des projets de Legros. Une heure et demie s’est écoulée entre l’annonce de l’arrivée de Nico et le tir. Verbruggen aurait pu empêcher ou dissuader Legros, se désolidariser. Il aurait pu quitter les lieux, appeler la police, aller chercher de l’aide. Il a aidé son ami à charger le corps dans la voiture en vue de le faire brûler. Il y a corréité dans son chef.”